Une maman tout simplement

Je m’appelle Aurélie, et mon fils n’est pas encore mon fils. Il l’est pour moi mais pas aux yeux de la loi, car sa maman et moi sommes deux femmes, et qu’aujourd’hui en France -bien que la justice ait fait entendre que les couples homosexuels avaient des droits à ce niveau là- rien n’est encore joué pour nous. 

Ma compagne et moi sommes ensembles depuis 10 ans maintenant et le désire d’enfant s’était assez vite manifesté « on verra comment on fera ». Sauf que l’aventure a duré des années… nous avons mis 5 ans avant qu’Eliott ne vienne au monde. 5 ans de doutes, de galères, d’incompréhensions, d’essais ratés…. Pour avoir une amie qui a subit les traitements pour les FIV, je me doute que ça doit être moins pénible physiquement. Mais nous avons eu notre lot également. 

Nous avons commencé avec un de mes meilleur ami avec ce qu’on appelle une fécondation artisanale. Pour la faire courte, il venait à la maison avec un petit pot stérile contenant sa semence, et nous nous chargions du reste ma compagne et moi. Pendant 3 ans et demi, nous avons essayé. 4 prises de sang négatives. Que faisions-nous de mal? Pourquoi n’avions-nous pas droit nous aussi à ce bonheur ? Nous avons été voir une gynécologue pour chercher de l’aide. Elle nous a dit que pour avoir un bébé il fallait « être un homme et une femme ». Devant tant d’etroitesse, nous avons quitté son cabinet sans attendre. La suivant a été très gentille. Elle a compris notre situation, et nous a donné quelques tuyaux comme faire un spermogramme pour mon ami, et une écho pelvienne pour ma compagne, histoire qu’on sache lequel des deux (ou les deux?) avait un souci. Au final, il s’est révélé que mon mon meilleur ami qui tentait si gentillement de nous aider depuis tant d’années, était stérile. Je me souviens ne pas avoir tenue. Je suis sortis du cabinet en larmes, une boule dans la gorge. Je n’arrivais pas y croire…. le sort s’acharnait. Qui accepterait de nous aider?? Nous avons pensé l’espace d’un instant, à faire un crédit pour financer les inséminations artificielles en Espagne, ou en Belgique… et c’est là qu’est apparu notre sauveur.

Un de mes meilleurs amis du lycée que j’avais retrouvé quelques mois auparavant grâce à Facebook, m’a téléphoné quelques minutes après que nous soyons sorties de chez la gynécologue, me proposant de passer l’après midi chez lui pour discuter un peu de tout et de rien. J’ai accepté, et sans grand espoir, je lui ai demandé. Sa femme, lui a dit « si tu fais ça, tu es mon héro ». Nous avons essayé 2 fois pendant l’ovulation de ma compagne en décembre 2012. Le 24 décembre, jour de Noël, nous recevions notre plus beau cadeau: une prise de sang positive. L’embryon s’est accroché, et chaque jour je lui parlais, lui demandant de rester avec nous, lui affirmant inlassablement que nous avions tant d’amour à lui donner. 

Petit bout s’est accroché. Nous avons vécu cette grossesse à fond, sans nous mettre de barrière, sans se dire que telle ou telle chose nous porterait la poisse (nous n’avons pas attendu 3 mois pour annoncer la bonne nouvelle à la famille et aux amis). A sa naissance, jai vécu chaque seconde avec ma compagne, l’accompagnant comme si j’accouchais moi aussi. Elle dit d’ailleurs « notre accouchement » lorsqu’elle évoque ce jour magique. Aujourd’hui, notre fils va merveilleusement bien, est même un peu en avance pour un bébé de son âge (demain, il aura mois), et s’épanoui dans un cadre que nous voulons rassurant et protecteur. 

Tout ceci a été possible sans l’aide de la médecine, nous n’avons enfreint aucune loi. Cette grossesse a été spéciale, mais n’a en aucun cas été médicalement assistée. Nous avons rencontré des gens formidables, des sages femmes aux gynécos qui nous ont suivit, et tous ont compris que pour être parents, il n’y a aucune règle, aucun critère de « sélection » J’ai la chance de vivre chaque seconde auprès de mon petit bout puisque j’exerce un métier qui me permet de rester à la maison. Notre couple s’est épanouie après cette bataille, mais le chemin reste encore long…. Nous avons perdu des « amis » au court de cette aventure, des « amis » jaloux qui nous ont souhaité pour la plupart une « bonne fausse couche ». 

Mais surtout, à l’heure actuelle, s’il arrive quelque chose à ma compagne, mon fils ne me « revient » pas de droit. Ce n’est pas mon enfant aux yeux de la loi. Je ne suis, juridiquement, rien pour lui. Les procédures vont prendre du temps, mais nous parviendront à faire de notre famille celle dont nous avions toujours rêvé.. 

Etre maman sans l’être vraiment, c’est mon combat à moi. Mais je ne perds pas espoir, car le premier combat a déjà été gagné: Eliott est auprès de nous, et rend notre vie tellement plus belle…

Aurélie une maman tout simplement…

 

0 commentaire sur “Une maman tout simplement

  1. Bonjour,
    Ne pouvez-vous pas faire une demande de délégation de l’autorité parentale ? Cela vous donnerait des droits (je l’accorde, pas comme on le voudrait), mais au moins certains droits … Ou bien une adoption simple ?
    Bon courage dans votre combat
    Maryline

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